Distribution spatio-temporelle du phytoplancton dans le réservoir de Petit-Saut (Guyane Française)

Seasonal and spatial distribution of phytoplankton in Petit-Saut reservoir (French Guiana)

Laboratoire d'Hydrobiologie Marine et Continentale, UMR CNRS 5556 – Université de Montpellier II, place E.–Bataillon, F–34090 Montpellier cedex 5

Résumé

La retenue de Petit-Saut a été colonisée dès 1994 par le phytoplancton, composé de Chlorophycées banales, adaptées aux conditions environnementales difficiles. La biodiversité augmente actuellement avec des Desmidiées typiques des eaux tropicales acides. Le picophytoplancton ( m) domine le phytoplancton (60% des cellules) depuis la mise en eau, jusqu'à I'amont du lac. II constitue un élément déterminant de la période de colonisation. Les biomasses chlorophylliennes (0,8 à 80 g l^-1 sont maximales entre 0 et 10 m et en période sèche. Elles sont très faibles en zone amont du lac sous l'influence du Sinnamary (<0,2 g l^-1, puis augmentent dans le système lacustre et sont plus ou moins régulées jusqu'au barrage sous l'effet des facteurs environnementaux (lumière, broutage). Dans le Sinnamary aval, les concentrations pigmentaires faibles sont significativement corrélées à la concentration moyenne des pigments dans la colonne d'eau juste a l'amont du barrage. La productivité du phytoplancton est limitée dans la couche photique oxygénée (0-5 m). La lumière transmise très atténuée en zone amont ,5 m^-1 par la MES fluviale augmente dans le temps dans la zone lacustre ,95 m^-1. Elle représente le premier facteur limitant du phytoplancton, en admettant l'existence d'un flux important des nutriments à partir de la couche anoxique.Inversement les bactéries photosynthétiques abondantes (200 à 300 g l^-1 de bactériochlorophylle) à la limite inférieure de la couche photique peuvent être très compétitives vis à vis de ces nutriments. L'abondance phytoplanctonique est à la base du développement de la microfaune planctonique, avec un effet de rétroaction important.

Abstract

Phytoplankton have colonized the reservoir of Petit-Saut since the filling phase (1994). The algal assemblage is composed of common Chlorophyta, which are well adapted to extreme environmental conditions. At the present time, the increase in the number of Desmid species characteristic of tropical ecosystems is contributing to greater algal biodiversity. Picophytoplankton ( m) is the dominant group in the phytoplanktonic community throughout the lake (±60 % of total cells) playing a predominant role during the colonization period. Chlorophyll biomasses (0.8 to 80 g I^-1 are maximum between 0 and 10 meters in depth and during dry periods. They are very low in the upstream part of the lake, influenced by the Sinnamary (<0.2 g l^-1, increase in the lacustrine system and are more or less controlled down to the dam by several environmental factors (light, grazing). In the Sinnamary downstream, low pigment concentrations are significantly correlated with the average concentration of pigments in the water column upstream the dam. Phytoplankton productivity is limited in the photic layer and oxygenated 0-5 m upper layer. Available light is strongly attenuated in the upstream riverine zone  m^-1 by suspended matter, but increases in the lacustrine zone  m^-1. It is the main factor limiting phytoplankton growth, given significant nutrient inputs beginning in the anoxic layer. Conversely, the abundant photosynthetic bacteria (200-300 g l^-1 of bacteriochlorophyll) at the lower limit of the photic layer are potential competitors for nutrients. The abundant phytoplankton contribute to the microfauna development with an important feedback effect.